EXODUS
1947-1997 :
de
Théodore Herzl à la naissance de l’Etat d’Israël
« Un
jour, quand l’état d’Israël sera fondé, tout paraîtra simple et naturel.
Mais peut-être un historien équitable surgira-t-il alors pour trouver que c’était
quand même un événement remarquable, à l’heure de la plus basse dégradation
du peuple juif, à l’époque de l’antisémitisme le plus sordide, qu’un
journaliste dépourvu de moyens ait métamorphosé un chiffon en drapeau, une
masse avilie en nation ». Théodore Herzl
Les événements qui amenèrent l’Exodus
C’est
dans le douloureux contexte d’une situation toujours explosive au Moyen-Orient
que nous allons commémorer, en 1997, deux événements qui furent essentiels
pour la création de l’Etat d’Israël le 15 Mai 1948. Il s’agit :
·
du 100ème anniversaire du premier Congrès Juif Mondial (1),
le 29 Août 1897 à BÂLE , officialisant ainsi la naissance du sionisme
·
du 50ème anniversaire de l’Exodus (2),
le 11 Juillet 1947, qui tenta de transporter un peu plus de 4500 juifs en
Palestine et provoqua dans le monde entier une prise de conscience du dramatique
problème du devenir des rescapés de l’holocauste nazi.
Cinquante
années séparent ces deux événements. C’est le temps extraordinairement
court qu’il a fallu pour qu’un visionnaire, Théodore HERZL (3),
permette le retour du peuple juif a sa « Terre Promise » après 2000
ans d’exil (4).
1 - « L’an prochain à Jérusalem »
ou les débuts du sionisme :
Depuis le début de la diaspora,
après la destruction des deux temples de Jérusalem, les juifs du monde entier
répètent chaque année : « l’an prochain à Jérusalem ».
Ce retour à Sion a toujours été prévu par le judaïsme, mais de façon plus abstraite que concrète vu la difficulté de l’entreprise. C’est véritablement Théodore Herzl (1860-1904), journaliste et dramaturge austro - hongrois (5,6), qui permit une avancée essentielle vers la création d’un état garanti par le droit public en réunissant le premier Congrès Sioniste à BÂLE (7), en fondant la Banque Nationale Juive (1898) et en négociant avec le Sultan Habdul - Hamid l’achat de la Palestine. Traumatisé par l’affaire Dreyfus (8) le plus célèbre des journalistes de langue allemande de l’époque, dont le judaïsme était quasiment oublié, pris conscience des horreurs de l’antisémitisme et de la situation on ne peut plus précaire des juifs. Avant lui John Lawson Stoddart (1850-1931), américain et protestant, disait en 1891 : « Vous êtes un peuple sans terre, il y a une terre sans peuple, revenez à la terre d’Abraham ». De 1891 à 1896, 17 colonies agricoles étaient fondées en Palestine par l’Alliance Israélite Universelles et les Amants de Sion (du nom de l’une des collines de Jérusalem : le Mont Sion). Surtout avant Herzl c’est Léon Pinsker (1821-1891), médecin russe (9), qui publia en 1882 « l’Auto - émancipation » à Odessa et créa la première colonie juive près de JAFFA. Les idées émises par Herzl (10) dans « l’état des juifs » et dans son roman « Altneuland » ressemblent étrangement à celles de Pinsker bien qu’il ne connaissait pas ses écrits. En 1901, Herzl reçu par Habdul - Hamid demanda une terre de refuge, un « foyer légal » dont une compagnie à charte aurait la charge. Le Sultan exigea pour cela 46 millions de francs mais il fut impossible, à Herzl, de réunir cette somme. Quand il mourût (11), en 1904 prématurément à l’âge de 44 ans, il n’avait pas réalisé son rêve. « Mais il avait légué au peuple juif plus qu’une idée, un parlement, un exécutif ou une banque, il lui avait donné sa vie. Par ce don, il était devenu au delà de la mort le héros qui pouvait animer le mythe du retour. Pour la première fois depuis l’exil, une présence personnelle fécondait l’espérance d’Israël ».
2 - L’holocauste nazi ou la Shoah :
« Ce que je
veux réaliser, grâce à des idées
constructives, nous serons contraints de le faire sous la pression d’événements
inéluctables », écrivait Théodore Herzl dans son journal le 11 Octobre
1895. Visionnaire extraordinaire il savait que le peuple juif allait, avant
d’acquérir leur état, souffrir encore et toujours des persécutions,
expulsions, errances, sanglants affrontements avec l’antisémitisme militant
en Europe, notamment en Russie et en France. Mais il ne put imaginer ce qui
allait réellement se passer avec la barbarie des camps d’extermination nazis,
le plus grand génocide de tous les temps, la mort minutieusement préparée,
« industrielle », de tout un peuple, la « solution finale »
(12).
La « question juive » n’est pas abordée en terme
d’extermination dès les débuts du nazisme. L’évolution, dans ce sens, fut
progressive jusqu'à « la nuit de cristal » (9-10 Novembre 1938) qui
marqua un véritable tournant (13).
C’est alors qu’est mentionnée, pour la première fois, l’idée d’un
traitement radical du problème. Goering déclarait « Si, dans un proche
avenir, le Reich devait s’engager dans un conflit international il va sans
dire que nous, allemands, devrions nous occuper avant tout de régler nos
comptes avec les juifs allemands ». De même, Hitler disait « Si la
finance et la juiverie internationales réussissaient encore une fois à précipiter
les nations dans la guerre, un tel conflit entraînerait l’annihilation de la
race juive en Europe ».
A la suite de l’invasion allemande de Pologne, la persécution des juifs
s’aggrave. Toutefois, les juifs sont encore autorisés à quitter les pays
soumis à la domination nazie. C’est dans le cadre de la préparation de la guerre
contre la Russie « judéo - bolchevique », en Février - Mars 1941,
qu’est décidé le principe de l’extermination des juifs. Pour cela, les
nazis eurent recours à deux principaux procédés. Le premier consista à
utiliser des unités mobiles (les einsatz - gruffen ou corps expéditionnaires)
pour massacrer les juifs non loin de leur lieu de résidence. A partir de Juin
1941, ces groupes opérèrent sur les territoires pris à l ’Union Soviétique
et tuèrent ainsi près de 1,5 millions de juifs. La seconde méthode était
celle de la création des camps d’exterminations (vernichtungslager) dans
lesquels les victimes sont parfois amenées de très loin (14).
Ces camps, tristement célèbres, portaient les noms Auschwitz - Birkenau (15,16), Treblinka (17,18),
Majdanek (19,20), Terezin (21,22),
Buchenwald (23), Mauthausen (23), Ravenbrück (23,24,25)
ou Sachsenhausen (26). Afin de
pouvoir procéder à des assassinats massifs, on y installait des chambres à
gaz déguisées en douches, des pelotons d’exécution, des fosses
d’inhumation et des fours crématoires (17).
Plus de 4 millions de juifs, sur un total de 6 millions, furent massacrés par
les nazis pendant la seconde guerre mondiale (27,28).
Le tableau 1 indique le nombre de juifs exterminés par pays et le pourcentage
par rapport à la population juive de l’époque. Afin de pouvoir agir sur une
grande échelle, les nazis mirent en place un système administratif spécial,
dirigé par Adof Eichmann, où étaient employés des mots administratifs comme
« transport vers l’Est » ou « transfert du lieu de résidence »
pour déportation et « traitement spécial » pour extermination. Les
juifs furent arrêtés au cours de rafles brutales, toujours déclenchées par
surprise. En France, celle du Vel d’Hiv (Vélodrome d’Hiver) fut commémorée
en 1995 (29).
L’idée reçue selon laquelle les juifs se laissèrent passivement persécutés
par les nazis ne correspond pas à la réalité. Bien au contraire, les juifs
ont mis tout en œuvre pour survivre et garder un sens à leur vie. Nombreux
sont ceux qui ont pris part à des actions clandestines contre l’hitlérisme.
Malheureusement, ils furent accablés par le déséquilibre des forces en présence.
La révolte du ghetto de Varsovie fut un exemple d’auto défense contre
l’oppresseur nazi (30,31).
Un bateau
nommé EXODUS
Jusqu’en 1939,
la communauté internationale se souciait peu des juifs vivant en Palestine (le
Yichouv). Elle ne pouvait plus ignorer le caractère tragique de la « question
juive » après la libération des camps (32,33).
Non seulement plus de 6 millions de juifs avaient été assassinés par les
nazis mais des centaines de milliers de « personnes déplacées » végétaient
dans les camps de réfugiés en Europe. Entre 1945 et 1950, 200 000 de ces réfugiés
se trouvaient dans la seule Autriche. Une commission d’enquête anglo-américaine
proposa d’ailleurs, le 1er Mai 1946, d’accorder immédiatement
100 000 autorisations d’immigrations en Palestine pour résoudre le problème
des réfugiés (34). La Grande
Bretagne refusa cette idée. Elle se trouvait sur la défensive pour trois
raisons. D’abord sa politique de la « main de fer », à l’égard
des réfugiés internés à Chypre (35)
ou refoulés vers « leur pays », entamait gravement son image.
Ensuite le nouveau président des Etats Unis, Harry Truman, se montrait ouvert
à l’idée d’un Etat juif. Enfin la situation en Palestine entre juifs,
arabes et anglais devenaient de plus en plus incontrôlable. L’épisode de
l’Exodus eut un effet particulièrement dévastateur sur la politique des
anglais et positif sur la création de l’Etat d’Israël, l’année suivante
en 1948.
C’est en 1928 que fut construit, à Baltimore, un bateau de plaisance baptisé Président Warfield. Il navigua de nombreuses années entre Baltimore et Washington. Le 6 juin 1944, il participa au débarquement en Normandie avec les forces alliées. Après la guerre, en juillet 1947, il fut vendu pour la ferraille. Acheté par la communauté juive de Baltimore il connut, au contraire, une aventure extraordinaire. C’était un vieux bateau, imposant, avec une grande cheminée et une superstructure en bois, qui n’avait jamais été programmé pour contenir près de 4500 passagers. Il fut donc préparé à cet effet. De grandes cuisines permettaient de nourrir des milliers de personnes en 40mn. Furent également aménagées des salles d’infirmerie, des douches et des cabines (initialement le Président Warfield comprenait 120 couchettes de bois). C’était une équipe du Palmach, troupes de choc de l’Armée d’Indépendance ou Haganah, dirigée par Abraham Zaccai qui supervisait dans le plus grand secret ces travaux de transformations nombreux et compliqués. C’est à PORTOFINO, en Italie, que cette transformation s’opéra. L’équipage était presque en totalité composé de juifs américains et son capitaine se nommait Ike Aharonovitch. Après plusieurs négociations, les autorités italiennes autorisèrent le départ du Président Warfield pour le port français de PORT-DE-BOUC.
Avant que les anglais, qui surveillaient le bateau depuis qu’il avait quitté
les Etats - Unis, puissent intervenir le plein de mazout était fait de nuit
afin de permettre la traversée de la Méditerranée. Tout était prêt pour
accueillir les passagers. Grâce à l’aide de la population et des autorités
françaises qui avaient fourni les visas de transit, 2600 réfugiés juifs d’Allemagne
et de France furent embarqués d’un seul coup. Deux ou trois jours plus tard ,
les mêmes visas furent utilisés pour embarquer près de 2000 autres réfugiés
qui étaient repartis dans 12 camps le long de la côte. Parmi eux avaient été
regroupés 600 enfants orphelins recueillis un partout en Europe par des
orphelinats après l’extermination de leurs parents dans les camps nazis. Pour
plus de sécurité, le Président Warfield quitta Port - de - Bouc pour le port
de SETE. Là, sous la chaleur étouffante d’un mois de juillet, les milliers
de passagers attendaient le départ. Malheureusement, celui-ci fut interdit par
les autorités du port. M. Ernest
Bevin, ministre
des affaires étrangères Anglais de l’époque, avait fait spécialement le
voyage de Londres à Paris pour persuader les autorités françaises d’arrêter
le bateau. Celles - ci étaient décidées à laisser partir le bateau à
condition que ce départ se fasse au plus vite. Malgré de nombreuses péripéties
(un câble se prit dans l’hélice du bateau en tranchant la dernière amarre
et une fausse manoeuvre ensabla le navire pendant une heure sur un haut fond) le
Président Warfield se fraya un chemin vers la haute mer. Là l’attendaient un
destroyer britannique dont la mission était de le suivre comme son ombre.
Dans
la nuit du 11 au 12 juillet, un cuirassé anglais
se joignit à l’escorte. Puis les navires britanniques se multiplièrent
et harcelèrent le Président Warfield comme des guêpes. Ils étaient accompagnés
d’avions de reconnaissance qui survolaient sans arrêt le bateau. De temps en
temps, un navire de guerre s’approchait et demandait : « transportez
- vous des immigrants illégaux pour la Palestine ? ». Ils régnaient,
à bord, une extraordinaire sérénité parmi les réfugiés où se trouvaient
des enfants, des femmes enceintes, des malades et des vieillards. Au quatrième
jour de traversée, une femme mourut d’une hémorragie en accouchant. Ce fut
la première victime de cette épopée. Le 14 juillet, le compte exact des
passagers du navire fut fait pour l’état major de la Haganah à JERUSALEM :
il y avait 4551 personnes dont 1561 hommes, 1282 femmes, 655 enfants, 1017
adolescents et 36 membres d’équipage. C’était le plus grand nombre de
juifs jamais embarqués à destination de Jérusalem depuis l’exil, depuis
2000 ans. Le 16 juillet, l’équipage reçut officiellement de son état-major
en Palestine le nom que devait désormais porter le Président Warfield :
« Votre nom sera en anglais EXODUS 1947 et en hébreu Yetzia Europa 5707
(sortie d’Europe) » (36).
Il
était évident que les Anglais allaient attaquer l’Exodus dès qu’il pénétrerait
dans les eaux territoriales de la Palestine sous contrôle britannique. Tout
avait été préparé pour cette éventualité : filets aux issues du bateau,
barbelés autour du pont supérieur, dépôts de munitions constitués un peu
partout (boites de conserves, tas de boulons et de clous, sacs de pommes de
terre, matraques en bois). Le 18 juillet à 3h45 du matin, bien qu’il se
trouve encore hors des eaux territoriales de la Palestine, l’Exodus fut
arraisonné par la marine anglaise. Ce fut une bataille acharnée, en pleine
nuit, qui dura deux heures et demie et qu’il est difficile de décrire ici. Le
commandant Ike Aharanovitch
déclara : « cet affrontement en mer, dans l’obscurité,
est resté pour moi le combat le plus cruel de toutes les guerres qui l’on précédé
ou suivi ». Il y eut 2 morts près de 200 blessés, dont une vingtaine
gravement atteints par balle, parmi les clandestins juifs. Du côté des anglais
il y eu 3 blessés, aucun d’entre eux gravement atteints.
Les Anglais obligèrent l’Exodus à faire cap vers HAIFA. Là trois
bateaux prisons l’attendait et emportèrent les réfugiés indemnes, comble de
l’absurde, en Allemagne dans le secteur occupé par les forces britanniques.
Les passagers furent débarqués de force. Certains ont été battus au point
qu’ils ne tenaient plus sur leurs jambes. La terrible odyssée de l’Exodus a
duré, au total, huit semaines du samedi 11 juillet au mardi 9 septembre où
tous les réfugiés furent débarqués dans le port de Hambourg.
Vers la création de l’Etat d’Israël
Les Anglais
pensaient, en châtiant l’Exodus, anéantir le mouvement d’immigration
vers la Palestine (37,38). C’est tout le contraire qui se produisit. Tout d’abord,
la Haganah put tenir sa promesse : en quelques mois, tous les passagers de
l’Exodus furent récupérés et amenés en Palestine. Ensuite, la politique très
dure, inflexible, des anglaise vis à vis de l’immigration vers la Palestine
des rescapés de la Shoah provoqua une réprobation internationale qui favorisa
certainement à la création de l’Etat d’Israël.
Le
grand tournant intervient, pourtant, au cours de l’année 1947. En février,
Ernest Bevin décida de porter l’affaire palestinienne devant l’ONU. Un plan
de partage de la Palestine entre arabes et juifs fut voté par cet organisation
dans la nuit du 29 novembre 1947. Il s’agit de la résolution N°181 votée
avec 33 voix pour, dont les USA, 13 contre dont 11 pays musulmans et 10
abstentions dont la Grande Bretagne. Ce plan, accepté par les juifs, sera
violemment rejeté par les Arabes puisque la guerre d’indépendance qui suivit
provoqua près de 6000 morts parmi les juifs de Palestine. Les Anglais, qui
devaient quitter la Palestine avant le 1er août 1948 décidèrent de
mettre fin à leur mandat le 15 mai
à 8h00. David Ben Gourion proclama l’indépendance de l’Etat d’Israël
(39,40), sous le portrait de Théodore
Herzl, 8 heures avant la fin du mandat britannique, le 15 mai 1948 à 0 heure (41).
Références :
·
CHOURAQUI A. - Un visionnaire nommé Herzl : la résurrection
d’Israël. Eds ROBERT LAFFONT. PARIS ; 1991.
·
WIGODER G. - Dictionnary of jewish biography. Eds SIMON and SCHUSTER. NEW-
YORK ; 1991.
·
ASSIS Y. T. - Le mouvement sioniste. Eds de l’université de Jérusalem.
JERUSALEM ; 1984
·
DAN V., HAREL Y. - Exodus et la naissance d’Israël. Eds FIXOT. PARIS ;
1987.
·
ROSEN C. - 100 years of Zionism. Judaïca Collector. 1997 ; 40 :
1-8.
·
LEGAY A. - Du sionisme en Israël. La philatélie Thématique. 1996 ; 142 : 22-27.
Remarque : certains documents qui illustrent ce texte ne sont pas des
timbres-poste mais des vignettes du KKL ( Kéren Kayemeth Léisraël). Cet
organisme foncier, qui fut crée quelques années après le 1er Congrès
Juif Mondial, existe encore et édite régulièrement de telles vignettes.
Celles ci ont mêmes servi de timbres-poste, avec la surcharge DOAR (Poste)
pendant la période intérimaire.
Remerciements :
à M. G. THEODORE et M. F. NATHAN de l’APFI ainsi qu’à M. M. BENJAMIN, d’AFULA
(ISRAEL) pour leur aide et pour les documents qu’ils ont eu la gentillesse de
me confier pour cet article.
L’iconographie
de cet article peut être obtenue sue demande.
A.
BERREBI
Tableau
1 :
Population juive exterminée par les nazis en Europe d’après « le III
ème Reich et les juifs »
de L. POLIAKOV, Gallimard.
Bilan (1939
- 1945) |
Population
juive en
1939 |
Morts
et disparus en
1945 |
Pertes
en % |
Pologne |
3
300 000 |
2
800 000 |
85 |
URSS |
2
100 000 |
1
500 000 |
71 |
Roumanie |
850 000 |
425 000 |
50 |
Hongrie |
404 000 |
200 000 |
50 |
Tchécoslovaquie |
315
000 |
260 000 |
83 |
France |
300 000 |
90
000 |
30 |
Allemagne |
210 000 |
170 000 |
81 |
Lituanie |
150 000 |
135 000 |
90 |
Pays Bas |
150 000 |
90
000 |
60 |
Lettonie |
95
000 |
85
000 |
90 |
Belgique |
90
000 |
40
000 |
44 |
Grèce |
75
000 |
60
000 |
80 |
Yougoslavie |
75
000 |
55
000 |
73 |
Autriche |
60
000 |
40
000 |
67 |
Italie |
57
000 |
15
000 |
26 |
Bulgarie |
50
000 |
7
000 |
14 |
Divers |
20
000 |
6
000 |
30 |
Total |
8
301 000 |
5
978 000 |
72 |