LE RAV KOOK

 

Abraham Isaac KOOK (1-3) est né en 1865 à GRIEVE, une petite ville du nord de la Russie, d’un père et d’un grand-père talmudistes. Dès son plus jeune âge, il se montre un élève remarquable ce qui lui permet d’entrer dans la prestigieuse Yeshiva de VOLOZHIN en Biélorussie. Il s’agit du plus grand centre d’études juives en Europe avec près de 500 élèves venus de Pologne- Russie, d’Allemagne, d’Angleterre, etc.. Cette Yeshiva est dirigée par le très célèbre Rav Naftali Zvi Yéhuda Berlin dit Ha-Natsiv. Or, ce maître de l’étude juive se montre également ouvert sur les problèmes de son temps, chose assez rare dans les Yeshivoth. Ces élèves sont ainsi formés pour être des chefs religieux capables de faire face aux exigences de leur temps.

 

Abraham Kook est grandement influencé par le Ha-Natsiv. Devant l’opposition entre juifs religieux et laïques, il s’exprime ainsi : « C’est une lamentable comédie de discuter pour savoir si le fondement de notre existence juive est plutôt national ou plutôt religieux. Nous ne connaissons qu’un seul Judaïsme, un Judaïsme global » Ecrit en style très direct, ce texte serait à citer tout entier, il n’a rien perdu de son actualité.

En 1904, il prend la grande décision de rejeter les propositions flatteuses pour des postes rabbiniques à Vilna et Kovno pour prendre celui de Jaffa (4), en Palestine turque. Il sait que dans ce petit pays, la population juive est peu nombreuse (environ 80.000 âmes) et très divisée même à l’intérieur du clan religieux. Mais le Rav Kook tient à rester au-dessus des partis et être le rabbin de tous. Il devient vite respecté de tous, y compris des sionistes laïques à qui il rend de fréquentes visites au sein même des kibboutzim non religieux. Le sionisme est pour lui « la consolidation du corps du peuple juif sur sa terre. Mais ce corps ne peut remplir son rôle que si une âme ardente l’habite pour l’éclairer. Les sionistes incroyants sont les ouvriers qui construisent le Saint des Saints ; sans ces travailleurs aux mains calleuses et aux pensées profanes, le prêtre ne peut trouver sa place et ne peut jouer son rôle ».

 

En juin 1914, il se rend en Europe pour participer à une conférence rabbinique. Celle-ci ne peut avoir lieu à cause de la déclaration de la première guerre mondiale. Citoyen russe, il est incarcéré le 2 août 1914 comme ressortissant d’un pays ennemi. Grace aux efforts de rabbins allemands, il est libéré et se réfugie en Suisse où il écrit ses principaux travaux. Dès son retour en Eretz Israël, désormais sous mandat britannique, il est élu Grand Rabbin de Jérusalem puis, en 1921, Grand Rabbin Ashkénaze de Palestine. Il veut recréer le Grand Sanhédrin (Tribunal Rabbinique à l’époque du Temple de Jérusalem) mais il se heurte à une très forte opposition des milieux religieux. Il meurt à l’âge de 70 ans, en 1935, 13 ans avant la création de l’Etat d’Israël. Toute sa vie, il ouvrit son cœur et son foyer à tous sans distinction. Une de ses maximes favorites était : « Le deuxième Temple a été détruit à cause de la haine gratuite opposant les juifs les uns aux autres. Pour qu'il soit reconstruit, il faut que se répande l'amour gratuit des uns pour les autres » Aujourd’hui encore, le kookisme « se voit » par la fameuse petite kippa tricotée que portent les sionistes religieux.

Alain BERREBI

 

 

 

 

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