Internet, nous et la philatélie :

                quelques craintes et beaucoup de découvertes ……

 

                                                                                                             Marc DRILLECH

  Il serait dangereux de croire qu’Internet ne modifiera pas notre quotidien, tant en matière de recherche d’information, de commerce, de communication, que dans l’art et la manière de collectionner. On peut s’interroger de sa valeur ou de ses effets mais on ne peut imaginer qu’un mouvement d’une telle ampleur ne prendra pas la place qu’on en attend.

Si le propos de cet article est de faire connaître aux membres de l’association un certain nombres de sites et de leur proposer de les visiter, ne serait-ce que pour se tenir informés, je souhaite faire au préalable quatre réflexions relatives au développement d’Internet et aux implications d’une telle perspective pour la vie d’un collectionneur de sujets aussi vastes qu’Israël, la Palestine, Judaïca.

1°)  On se réfère trop souvent à Internet comme s’il ne s’agissait que d’une « machine monolithique ».  Or, l’utilisation peut varier selon les utilisateurs.

-         Pour les uns c’est un outil pour communiquer. On envoie des messages (les fameux  e-mail) ou on en reçoit. L’usage se limite alors à une concurrence directe avec le téléphone ou le courrier.

-         Pour d’autres, c’est un outil de consultation qui concurrence les banques de données et catalogues (l’Encyclopédia Britannica est sur Internet, outil facile d’accès pour entreprendre des recherches…  et de nombreuses autres sources sont disponibles).

-         La troisième utilisation va au-delà de la lecture, pour faire d’Internet un outil commercial. On peut miser sur telle vente sur offres, acheter une série manquante sur un site canadien ou américain, chercher une bonne affaire en histoire postale en visitant un site spécialisé.

-         Enfin « stade suprême », on dispose de son propre site, soit en tant qu’individu (sa « home page »), soit par l’intermédiaire d’un groupe thématique, d’une association, d’une entreprise privée…

Bref, derrière Internet et l’inquiétude que certains peuvent en avoir, on vérifie que la fréquentation en est plus variée, plus diversifiée, et que chacun peut entretenir son propre rapport avec le système.

2°) Internet va modifier les règles dans le domaine de la collection. De plus en plus de sites proposent des ventes de timbres ou de documents en garantissant une sécurisation des paiements. Le site remplace le magasin et tout se vit de manière identique, même si la virtualité remplace le marchand. Dans d’autres cas, les sites

proposent des ventes aux enchères de timbres ou de documents postaux. Rares sont les sites français, et fréquents les américains, mais n’oublions jamais que ces pratiques étaient encore absentes voilà trois ans. Enfin - et ce cas touche autant les vendeurs que les acheteurs - les sites de vente sur offres se développent et permettent de raccourcir les circuits, de faciliter les contacts. Le catalogue papier sera remplacé (pas du jour au lendemain mais au fur et à mesure) par des sites consacrés à ces ventes avec la possibilité de vérifier les lots proposés puisqu’ils seront tous mis sur écran et donc visuellement consultables. Certes il restera toujours la part d’imprécision liée à de telles pratiques, mais voir apporte plus de garanties que d’imaginer une pièce au vu d’un descriptif, aussi précis soit-il. Avec les prochaines étapes de la sécurisation des paiements, le secret sera de mieux en mieux garanti lorsqu’on laissera ses coordonnées sur un site crédible et l’arrivée de petits terminaux personnels, semblables à ceux qui existent dans les magasins, devrait largement régler ce problème. C’est dont un marché très nouveau qui se dessine.

3°) L’autre question qu’implique le développement d’Internet est celle de l’avenir même du timbre. Moyen de paiement, on peut imaginer qu’il va perdre de son importance. La démocratisation d’Internet (aujourd’hui la majorité des utilisateurs utilisent encore un micro-ordinateur mais, dans deux ou trois ans, l’utilisation du téléviseur comme terminal sera une pratique plus répandue) jointe à celle du téléphone portable (qui deviendra également un système pour communiquer sur le web) vont modifier les comportements et faire baisser de manière significative l’usage du timbre-poste (le @mail est tellement plus compétitif que l’envoi d’une lettre !). J’y vois trois conséquences, ou du moins je les considère comme réalistes.

-         D’abord la collection va redevenir ce qu’elle est fondamentalement, un regard sur le passé et sur la connaissance à partir de pièces de qualité et non d’amoncellement de quantité de timbres.

-         Ensuite un affaiblissement encore plus fort de la valeur des timbres récents car l’inflation des émissions sera davantage considérée comme la mise sur le marché d’images et de vignettes que de timbres-poste. A quoi bon multiplier les offres puisque la pratique de l’envoi d’une lettre ira en diminuant.

-         Enfin, si l’on peut imaginer une diminution du nombre de collectionneurs, on peut aussi considérer que le marché va redevenir plus qualitatif et qu’une part plus belle sera donnée aux pièces de valeur, à celles qui ont un sens et non seulement une valeur marchande. Il ne s’agira pas seulement de donner la priorité à la côte officielle mais à la valeur des documents (c’est sans doute l’une des raisons de l’accroissement de la recherche de lettres dans les collections et plus seulement des seuls timbres).

4°) Cette quatrième et dernière remarque s’adresse particulièrement à celles et ceux qui partagent la même passion pour la philatélie et l’histoire postale d’Israël, du KKL ou de la Palestine, de la période Intérimaire ou de Judaïca. La France représente un marché étroit, tant en matière de ventes que du nombre de collectionneurs. 

4 millions de juifs en Israël, plus de 6 millions aux USA, à peine 750.000 en France…

Il est clair qu’il existe une corrélation fondamentale entre le nombre de collectionneurs et le nombre d’habitants juifs dans le pays considéré. Sans nous ennuyer, on ne peut réellement affirmer que le marché français est passionnant pour nos collections. Internet, symbole de la mondialisation des échanges et de la communication, est une formidable opportunité pour que chaque collectionneur puisse s’ouvrir au monde. Ouverture au monde du négoce ou de l’échange, ouverture à d’autres collectionneurs ou à d’autres associations, jamais la vie d’un collectionneur se sera comme avant. Et j’ose croire que la collection deviendra plus ouverte, plus interactive, plus passionnante, parce qu’elle sortira de son enclave nationale et des limites du marché local pour, petit à petit, devenir une collection de structure « à l’échelle de la planète ».

Je comprends les inquiétudes de gens troublés par ces changements et qui n’osent pas faire le premier pas, qui sont rebutés par les innovations techniques et leurs implications. Mais on ne peut pas combattre de telles évidences ni refuser le changement. Je rajouterai que le pas à franchir entre le refus de l’usage et l’adoption n’a rien à voir avec ce qu’a dû être l’adoption de l’automobile ou d’autres techniques.

Avant d’évoquer un certain nombre de sites, je voudrais simplement préciser, pour les nouveaux utilisateurs, quelques règles de base :

-         Ne jamais oublier de noter un site qui vous intéresse en utilisant vos « bookmarks » ou signets, une touche qui permet de conserver en mémoire, dans une sorte de bibliothèque, vos sites favoris. Ainsi vous vous constituerez aisément une bibliothèque de référence que vous consulterez régulièrement ou selon votre humeur.

-         Ne jamais sous-estimer l’intérêt des liens ou « links » que les sites précisent généralement en fin de sommaire. Originalité d’Internet, ces liens sont les moyens, pour chaque site, de se faire connaître d’autres, en facilitant sur son propre lieu l’expression d’autres sites. C’est d’ailleurs la force du système que de mettre simultanément des sites en concurrence mais de favoriser aussi une sorte de partenariat. Ainsi, vous pourrez réellement « surfer » sur le Net en exploitant ces liaisons d’un lieu à l’autre.

-         Savoir faire rapidement la différence entre des sites statiques (ceux qui ne changent jamais) et des sites actifs qui renouvellent réellement les informations. C’est l’unique moyen pour bien gérer votre temps et éviter de retourner sur des lieux qui n’ont qu’un intérêt limité.

-         Utiliser les moteurs de recherche dès que vous êtes en face d’une interrogation. On peut estimer que globalement (mais hélas en ayant une bonne connaissance de l’anglais), vous pourrez trouver sur Internet 80 % des questions liées à vos études philatéliques, à l’exception de réponses très précises ou qui sont de nature…  philatélique, au sens strict.

-         Enfin – mais remarque peu contournable – le caractère universel d’Internet fait que la langue principale est l’anglais et risque de le devenir encore plus dans l’avenir. Si l’on peut s’attendre à un fort développement de sites en français, je ne crois pas qu’une telle évolution touche la philatélie qui nous concerne puisque la réalité des propositions est à l’image de celle des collectionneurs. Les principaux sites qui nous concernent sont élaborés aux Etats-Unis et en Israël…   donc anglais oblige…

Les propositions suivantes ne cherchent aucune exhaustivité mais sont le fruit de quelques heures régulièrement passées à « surfer sur le Net », à se promener d’un site à un autre, pour trouver finalement ceux qui méritent le détour régulier. J’ai préféré proposer une sélection d’une dizaine de sites à celles et ceux qui ne sont pas encore des utilisateurs réguliers d’Internet afin de leur offrir un panorama assez complet de ce qu’ils pourront rencontrer.

1 – www.excpc.com/~joeluft/resource.html

Certainement le « must », le site qu’il faut retenir en premier, même si la lecture de son adresse peut vous sembler un peu « barbare ». Joël Luft a décidé de créer un site qui rassemble de tout ce que la philatélie compte… de sites. Il permet de connaître les adresses de sites par pays, par sociétés philatéliques. Mais il fournit également la plus grande liste de sites spécialisés dans les ventes sur offres (ensuite, à vous de chercher et de vous repérer). Ce site permet donc de disposer d’informations par thématique (même si Judaïca est bien absent) mais aussi d’avoir une information bien à jour (en particulier il est très documenté sur les sites élaborés aux Etats-Unis et en Grande Bretagne).

Pour avoir un ordre de grandeur, ce lieu a certainement répertorié plus de 400 sites qui permettent à tout collectionneur de trouver des pistes de recherches la partie qui traite des ventes sur offres « auctions » sur Internet… compte à elle seule plus de 100 adresses, de sites inconnus aux références telles que Sandyfaire, Stanley, Gibbons, Afinsa, Berman… et bien d’autres).

2 – www.personal.umich.edu/szetch/stampsofisrael

Ce site est typique de ce qu’Internet permet de faire : une sorte de témoignage

personnel d’un passionné. En l’occurrence ce site est destiné à mieux faire connaître les célébrités d’Israël à travers la philatélie. Les timbres de personnages célèbres (femmes fameuses, hommes politiques, fondateurs du sionisme, gens des arts et de la culture, portraits de rabbins) sont visualisés à l’écran. Il suffit généralement de cliquer sur le timbre pour voir apparaître un agrandissement de celui-ci avec une brève bibliographie de la personne (ce qui est toujours d’un intérêt non négligeable d’autant que – certes rarement – les connections sur d’autres sites sont indiquées lorsqu’elles existent).

3 – www.ROLWW.COM/HYCO/

Ce site, à l’inverse des précédents, est un site commercial par excellence. Hy Cohen, marchand américain, se spécialise sur Israël. Les années défilent avec les différents numéros de timbres et une liste de prix. Vous commandez sur le site.

4 – www.israelpilatély.org.il

C’est le site officiel de la Fédération Israélienne de Philatélie. Il existe en version hébreu mais également en anglais et offre un certain nombre d’informations sur les clubs, rencontres, sociétés. Il permet aussi d’informer sur les nouvelles sorties. Par ailleurs, on peut noter que ce site propose la vente d’enveloppes commémoratives et de feuillets souvenirs.

5 – www.geocities.com/Athens/Rhodes/2352/index.html

Un site spécialisé dans les timbres-labels Klussendorf avec des informations très poussées. Elaboré par Tari Lelouche, “The story of Israël Klussendorf postage labels” est l’exemple même d’un site pointu, très spécialisé, disposant d’une information très approfondie.

6 – www.geoticies.com/Wallstreet/2785

C’est le site de The Society of Israël Philatélists et c’est l’exemple du “site mort”. Il a toutes les apparences d’un site mais rien ne se passe, il n’apporte rien, et surtout il ne sert à rien malgré l’attractivité de son nom.

7 – www.postil.com

Le site officiel de la poste israélienne, site en hébreu mais qui existe en version anglaise. Il permet de se tenir à jour sur les nouveautés postales, sur les faits culturels et historiques qui peuvent intéresser les collectionneurs. Il apporte également de bonnes sources d’information sur les tarifs postaux et offre différents services philatéliques.

8 – www.judaicasales.com

Ce site canadien est certainement l’un des plus complets parmi les sites qui ont comme sujet le Judaïsme au sens large. La finalité commerciale est claire et très bien organisée. Le collectionneur pourra trouver des offres non seulement classiques (timbres d’Israël et enveloppes premier jour) mais aussi une large palette de propositions : timbres du monde entier reliés à Judaïca, timbres autrichiens avec tabs sur des sujets juifs, enveloppes souvenirs et feuilles commémoratives, cartes postales, documents et cartes historiques, synagogues…

9 – www.jlioncity.s.one.net.sg/~stamps/html

Ce site particulièrement instructif est destiné à servir de portail, de « site centralisé » pour orienter les collectionneurs vers des sites spécialisés. (sa finalité est proche de celle du premier site présenté). Il oriente le collectionneur vers des centaines d’autres sites en fonction de critères spécifiques : par pays, par marchands, par sociétés philatéliques, par thématiques. Malgré l’absence regrettable de sites spécifiquement conçus sur le Judaïsme, la partie thématique est particulièrement bien structurée.

10 – www.geocities.com/Athens/Forum/5314/einvert.htm

Ce site est destiné à sensibiliser et informer les publics, dont les jeunes, à l’Holocauste. Sa volonté pédagogique fait de ce site interdisciplinaire une excellente voie d’approche sur la Choah. Autant il n’est pas une source historique de qualité, autant l’idée d’expliquer la Choah au travers des timbres et des dessins d’enfants, de tableaux, donne un caractère humain et émotionnel à la démarche. A voir en particulier une galerie de timbres qui reproduisent des dessins d’enfants.

Naturellement, ces sites ne sont que la face visible d’un développement qui ne peut qu’aller crescendo dans les prochaines années.

Autant également prévenir que des sites peuvent modifier leurs adresses, se fermer ou se reconstruire…

Bonnes découvertes.

retour menu "Articles originaux"