La tendance ART NOUVEAU aux Pays Bas vers 1900

 

 

 

                                                                                (par le Dr Ph. Cohen Paraira)

 

 

 

 

A la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, émergent en Europe des tendances artistiques totalement nouvelles, que les vieux styles historiques ne pourront concurrencer. Ce sont : en Allemagne le Jugenstil, en France l’Art Nouveau, en Grande Bretagne le Liberty Style, aux Pays Bas le Nieuw Kunst (l’Art Nouveau).

Le 15 mai 2001, les services postaux hollandais ont émis un feuillet de 10 timbres dédiés à cette tendance artistique.

 

Plusieurs sujets sont inspirés par la nature, sous la forme d’animaux ou de végétaux. Sur l’un de ces timbres, figure le chapiteau de l’immeuble de la compagnie d’assurances « La Utrecht » (28, Damrak à Amsterdam), réalisé de 1904 à 1906 par le sculpteur Joseph Mendes da Costa (Amsterdam, 1863-1939). Le sujet principal du bas-relief de ce chapiteau est un animal stylisé. Joseph Mendes da Costa peut être considéré comme l’un des rénovateurs de la sculpture hollandaise au tournant du siècle. Enfant, il travaillait dans l’atelier de sculpture de son père, où il aidait à fabriquer des éviers de cuisine et des pierres tombales. A partir de l’âge de 16 ans, il étudia le dessin à l’école Quellinus, puis le modelage de l’argile à l’Ecole Royale des Arts. En 1891, il épousa Anna Jessurun de Mesquita, une sœur de son ami le graphiste S. Jessurun de Mesquita. A ses débuts, Mendes da Costa fabriquait de petits objets usuels. Au tournant du siècle, il obtint ses premières commandes importantes pour travailler sur des immeubles, dont ceux du fameux architecte Berlage.

 

Grâce à ses nombreux motifs animaliers, il reçut en 1914 un doctorat honoraire de biologie de l’Université Royale de Groningen. Outre les motifs animaliers, il réalisa également différents portraits, parmi lesquels des personnages de l’Ancien Testament et le philosophe Spinoza. Le bas-relief « au pélican », au dessus de l’entrée latérale de la synagogue portugaise d’Amsterdam, est une de ses œuvres de jeunesse.

 

Il décéda le 20 juin 1939 et fut enterré dans le cimetière israélite portugais d’Ouderkerk-sur-Amstel, cimetière où l’on trouve ces mêmes pierres tombales sur lesquelles il travailla dans l’atelier de son père, et les deux monuments funéraires qu’il créa pour David Henriques de Castro (1899) et le Grand Rabbin Chachame Palache (1927).

 

 

Sur un autre timbre, l’intérieur de la salle de réunion, au premier étage de l’immeuble de l’ANDB, est décoré de peintures murales de l’artiste Roland Horst. Sur la droite du timbre, on peut voir une partie du monogramme de la Société des Tailleurs de Diamants (Algemene Diamond Bewerkersbond (ANDB). L’immeuble, construit de 1897 à 1900 par Berlage pour cette société, était alors appelé « le Château ».

 

L’ANDB fut créée en 1894 par le politicien Henri Polak (1868-1943), président de l’Union Juive Hollandaise et fils d’un tailleur de diamants d’Amsterdam. La plupart des tailleurs de diamants juifs étaient membres de l’ANDB. Durant ses études à Londres, Henri Polak se trouva en contact avec le socialisme et d’autres organismes politiques. Il fonda le parti socialiste SDAP (1894) et fut, de 1905 à 1937, administrateur de la communauté juive et membre du Sénat. Polak était aussi sioniste. Il fut arrêté en 1940 par les Allemands et relâché en 1942.  Il mourut peu après.

 

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